Le parcours artisituqe d’André Even est très lié à Pont-Aven, où il est né et ses environs. Après avoir vécu loin de sa région natale, André Even revient à Pont-Aven dans les années 50. A cette époque, il réalise des fresques dans les églises environnantes, à Névez, Concarneau et Lorient.
Il peint aussi une crucifixion qu’il offre à l’église paroissiale de Pont-Aven. Par la suite, il abandonne la peinture religieuse et s’intéresse aux paysages champêtres, à l’Aven ou au Belon.
André Even est né à la fin de la première guerre mondiale, en 1918. Il est issu d’une famille de meuniers établis commerçants. Il passe son enfance dans le commerce de ses parents, rue du Général de Gaulle à Pont-Aven. Très jeune, il côtoie les peintres de passage et sa découverte de la peinture se fait ainsi naturellement.
Il a fréquenté plusieurs établissements scolaires : école communale de Pont-Aven, école Sainte-Croix de Quimperlé, école Saint-Gabriel à Pont-l‘Abbé et décide ensuite à 16 ans de s’engager dans la Marine à Lorient. Il s’inscrira par la suite à l’école aéronavale de Rochefort.
Il termine sa formation militaire en 1939, année de la déclaration de guerre. Le jeune militaire attaché à la base d’hydravions de Hourtain est affecté sur une vedette de lance-torpilles à Cherbourg. Cette guerre donne une direction définitive à sa vie et il fait vœu, s’il survit de devenir missionnaire.
Après la démobilisation, il séjourne à Langonnet chez les Pères du Saint-Esprit puis il part à Mortain rejoindre Monseigneur Lefèbvre (fondateur du mouvement intégriste français) auprès duquel il reste un an. Ce dernier constate la passion d’André Even pour le dessin et lui ordonne de suivre sa vocation d’artiste.
André Even s’inscrit aux Beaux Arts à Paris, au cours de Souverbie puis entre dans l’atelier de Maurice Denis.
Il est rapidement embauché par le Ministère des Bâtiments et Monuments Historiques qui est engagé sur de nombreux chantiers de restauration après la guerre. Il se forme aux techniques de peintures anciennes et de fresques. Il participe notamment à la restauration de tableaux des églises de Caen, de peintures murales de la cathédrale de Bayeux ou de la coupole de Juay Mondaye (Calvados). Cette expérience lui permet d’étudier la technique de la peinture, les règles de composition.
Il revient en Bretagne au début des années 50. Il est missionné par le curé de Névez pour réaliser une peinture murale pour l’église. Au cours de l’inauguration de cette œuvre, il rencontre le curé de Concarneau avec qui il conçoit une fresque de 300m2, pour l’église Sainte-Cœur de Marie.
Malheureusement, ses œuvres concarnoises ont été détruites : la première par la volonté de l’Abbé Premel en 1972 et la seconde, lorsque l’église été démolie en 1994.
Durant cette même période, il réalise une fresque à l’église Jeanne d’Arc à Lorient. Il consacre la première partie de sa vie de peintre à la peinture religieuse.
Il s’installe à Paris en 1955 où il travaille dans un atelier d’artistes perché sur la cime d’un immeuble. À cette époque, il décide de se consacrer à une peinture que lui nomme « civile » autour de thèmes paysagers (paysage urbain de Paris ou champêtre de Pont-Aven).
Il peint un paysage synthétique « Le Chant des champs » en hommage à ses ancêtres meuniers. Cette œuvre devient alors le symbole pictural qui le fera connaître et aimer. On y voit des champs en friche, des maisons bretonnes groupées autour du clocher avec la ligne d’horizon découpant un ciel immense, un damier de terres cultivées, des prés, des talus… Cette composition est rigoureuse, ordonnancée par des proportions calculées. Les effets de perspective sont inexistants.
Les sujets répétitifs d’André Even sont déclinés avec des dominantes colorées telles que le vert, le jaune et le rouge. Il a toujours accordé une importance à la fabrication de sa peinture à la manière d’un artisan et même mis au point une technique unique, une matière à base de cire vierge et de pigments colorés qui constitue aujourd’hui une des grandes originalités de son œuvre.
Après avoir passé vingt ans à Paris, il revient dans la région. La Marine Nationale lui commande une fresque en 1972 et il décide alors de s’installer définitivement à Pont-Aven. Il achète et restaure des bâtiments dans le village de Lijou qui deviendront sa maison et son atelier.
Ce retour est aussi le moment d’une réflexion sur son œuvre et sa filiation. Il aime se rappeler sa visite au Dr Gachet en 1955 et à la découverte qui le marquera à vie, des œuvres de Cézanne, Van Gogh, Daubigny lui rappelant comme l’expression d’autre chose bien au delà de la représentation formelle.