Pont-Aven est une terre d’accueil pour les artistes depuis 1864 et l’arrivée de la première génération de peintres américains. La petite cité bretonne verra se succéder les impressionnistes, les Nabis et les disciples de l’École de Pont-Aven, et même la création d’un surprenant mouvement inspiré du Pop Art avec le collectif du Hang’Art de Nizon. Venez découvrir l’histoire culturelle et artistique de la ville au musée de Pont-Aven ou en visitant les nombreux ateliers et galeries d’artistes de la cité !
C’est le peintre Henry Bacon qui, en 1864, sera le premier à découvrir toutes les ressources et tout le pittoresque de Pont-Aven. Il assurera la promotion du village auprès d’autres artistes américains comme Robert Wylie de Philadephie.
Comme bon nombre d’artistes américains de cette époque, Henry Bacon suit des études de peinture à Paris. Il y côtoie notamment Robert Wylie et Charles Way. Chaque été, les ateliers parisiens ferment pour les vacances, et c’est sur les conseils d’Henry Bacon que Wylie et Way décideront de profiter de leurs congés pour séjourner à Pont-Aven.
Wylie tombera amoureux du village (il se fera d’ailleurs enterrer à Pont-Aven) et encouragera de nombreux artistes à venir y séjourner. À la belle saison, des peintres venus de Paris, d’Angleterre ou même des pays nordiques prennent leurs quartiers dans la petite cité. Les Pontavénistes finiront par rebaptiser le petit groupe « les Américains « . Cette génération de peintres académiques, inspirée par les coutumes, les paysages et la population locale, lancera Pont-Aven et en assurera la notoriété. Ces peintres prendront l’habitude de séjourner chez Julia Guillou, dans son fameux « Hôtel des Voyageurs « .
Pour ces artistes venus du Nouveau Monde, Pont-Aven offrait non seulement une proximité avec leur port de débarquement à Brest, mais également l’avantage non négligeable à l’époque d’une population souvent francophone, à l’heure où la majorité des autochtones ne parlait que le breton. En lien avec une belle activité commerciale facilitée par sa situation privilégiée sur l’Aven, la ville avait en effet développé des services d’hébergements pour les marins et les commerçants venus d’autres régions de France, favorisant ainsi l’usage du français dans une zone pourtant peu urbanisée.
Une petite révolution picturale va s’opérer après l’arrivée à Pont-Aven d’un peintre impressionniste élève de Pissaro, Paul Gauguin. Il découvre le village pour la première fois en 1886 et y fait la connaissance du jeune Emile Bernard. De leur rencontre et de leurs échanges naîtra le synthétisme, courant pictural novateur prônant les aplats de couleurs vives, la suppression des détails et les motifs plats à deux dimensions et rompant avec des siècles de tradition illusionnistes dans l’art.
Cette seconde génération de peintres, plus désargentée que les « Américains », donne souvent sa préférence aux établissements d’Angélique Marie Satre, la fameuse « Belle Angèle » dont le portrait par Gauguin est aujourd’hui exposé au musée d’Orsay, ou de Marie-Jeanne Gloannec à la « Pension Gloanec ».
A la veille de la Grande Guerre, les touristes représentent la majorité des clients de Marie-Jeanne Gloanec et de Julia Guillou. Le talent de Gauguin tend à être reconnu : son passage à Pont-Aven et l’influence de la ville sur son art contribue à la célébrité de la cité. Dans les années 20, les artistes reprennent le chemin de Pont-Aven et y trouvent à nouveau des auberges pour les accueillir, comme l’Hôtel de la Poste tenu par Julia Correlleau et son mari, Ernest Correlleau. Ce dernier, peintre lui-même, va regrouper autour de lui une nouvelle équipe d’artistes parmi lesquels on compte Maurice Asselin, Jacques Vaillant, Pierre Eugène Clairin… ou encore Pierre Mac Orlan, écrivain.
En 1939, une plaque commémorative de l’Ecole de Pont-Aven est apposée sur la façade de l’ancienne auberge de Marie-Jeanne Gloanec en présence d’Emile Bernard et de Maurice Denis.
Malheureusement la Seconde Guerre Mondiale va stopper cette dynamique. Ne demeure dès lors à Pont-Aven que quelques artistes comme Jourdan ou Delavallée. En 1953, une exposition est organisée à l’occasion du cinquantenaire de la mort de Gauguin.
L’ activité continue à l’Hôtel de la Poste où Nicole a succédé à sa mère. Grâce à sa gentillesse et sa générosité, la plupart de ses clients deviendront peu à peu des amis qui trouvent dans cette auberge une ambiance chaleureuse : le marin y côtoie le peintre, et les pontavenistes des voyageurs de passage.
En 1962, l’artiste Marcel Gonzalez est de passage à Pont-Aven et décide de séjourner pour trois mois chez Nicole. Il décidera finalement de s’installer définitivement à Pont-Aven.
De nombreux artistes gravitent autour de Nicole, surnommée « Zicou »: Claude Huart, Xavier Grall, Jean Mingam, Michel Thersiquel…
En 1979, des problèmes de santé oblige Nicole a arrêter son affaire.
Parallèlement, la municipalité décide d’aménager trois salles d’exposition dans l’ancien annexe de Julia Guillou. La Société de Peinture lance alors un grand prix pour attirer à nouveau des peintres à Pont-Aven. Les expositions se succèdent. Le succès est au rendez-vous et, chaque été, des rétrospectives viennent mettre en valeur des artistes de l’École de Pont-Aven. La Société de Peinture poursuit sa démarche : la ville retrouve ses artistes et les peintres contemporains ouvrent leurs galeries.
Un nouveau pôle d’attraction voit le jour, le Musée de Pont-Aven. En 1986, plus de 100 000 visiteurs viennent admirer l’exposition sur Gauguin. Fermé en septembre 2012 pour de conséquents travaux de rénovation, le musée a réouvert ses portes en mars 2016 dans l’ancien Hôtel Julia.
Il est encore possible aujourd’hui de suivre des cours de peinture et de visiter des ateliers d’artistes. Avec son Musée et sa soixantaine de galeries et d’atelier, Pont-Aven s’est résolument ancré dans sa vocation picturale.
Le Hangar’t
Depuis plusieurs années (1992), des artistes et des locaux se sont regroupés pour former le collectif du Hangar’t. Ils ont à cœur de mettre en peinture la mémoire rurale de Nizon.
La collection du Hangar’t est constituée de nombreuses peintures dont la plupart sont exposées toute l’année dans les cafés et commerces du bourg de Nizon.
Les thèmes abordés jusqu’à présent évoquent principalement le passé du lieu et de ses habitants.
Rendez-vous du Hangar’t : Le pardon de Nizon et la Fête des cabanes (Lieu-dit Kerevennou)
C’est le plus joli village que j’avais vu jusqu’à présent, avec son pont étrange au-dessus d’une rivière rapide qui fait tourner plusieurs roues à eau pittoresques et s’en va vers la mer, à peu de distance…